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Quelques monuments gallo-romains isolés du Bas-Rhin

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Pour différentes raisons, généralement parce qu'ils sont encastrés dans les murs, certains monuments gallo-romains ont été laissés par les musées dans le contexte de leur découverte.

Krautwiller

On peut voir, en remploi dans le mur extérieur de la nef, un fragment de stèle de grès (0,85 m de côté). Le bas-relief représente le pied droit d'un personnage dans une niche et le bas de la hampe sur laquelle il s'appuie. Elle fut trouvée lors de travaux en 1970, en même temps que d'autres, noyés eux aussi dans la maçonnerie, qui ne sont plus visibles1

Mertzwiller

 

Dans le mur extérieur du bas-côté est de l'église catholique, quatre fragments de stèles de grès apparaissent en remploi dans la maçonnerie. Tous sont de bonne facture.

L'un des bas-reliefs appartient à une stèle de Mercure, dont on voit encore le côté droit. Le dieu, présenté de face, est vêtu d'une chlamyde. Il porte une bourse dans la main droite.

Un autre relief, dont n'est conservée que la partie supérieure, représente Diane. Elle est représentée de face et vêtue d'une tunique qui laisse le sein droit découvert. De la main gauche, la déesse tient un arc. Elle lève le bras droit pour prendre une flèche dans le carquois qu'elle porte dans le dos.

Un troisième élément plus petit représente le bas d'une stèle. Elle représente un personnage à cheval, derrière lequel se tient un Amours en marche.

Sur le dernier morceau de stèle, enfin, on ne reconnaît pas le décor.

Seltz

On a retrouvé à Seltz plusieurs fragments de bornes milliaires. Ils datent du IIIe siècle. Deux sont conservés sous le porche, à gauche de l'église. L'un est anépigraphe ; sur l'autre on peut lire les vestiges d'une inscription en l'honneur d'Elagabale ou de Sévère Alexandre.
(...)DIVI SEVERINEPO
MAGNI (FILIO ?)

Au pied de l'arc triomphal, une stèle est en remploi dans le mur extérieur du chœur de l'ancienne église. Le bas-relief représente un dieu barbu, de face dans une niche. Ce n'est donc pas Minerve, comme on l'a parfois prétendu, mais sans doute Vulcain. Le dieu porte une tunique qui lui couvre le torse et descend jusqu'aux genoux. Il s'appuie de la main gauche sur un objet assez long qu'on ne peut plus définir. Il lève le bras droit2.

Weitbruch

Dans la forêt de Weitbruch se dresse un milliaire anépigraphe. La colonne est en grès, de section ovale, posée sur une base3.

La partie supérieure a disparu mais la borne fait encore 1,80 m de haut. Au XIXe siècle, ce monument se trouvait au bord d'une voie qui était encore bien visible4 mais il fut déplacé au milieu du XXe siècle, puis replacé dans les bois5.

La colonne porte aujourd'hui une inscription grossière avec la date de 1931 ; elle est dans un cartouche soigneusement réalisé et poli6.

Goersdorf

En remploi dans le mur arrière de l'église Saint Martin apparaît un fragment d'inscription qui fut découvert en 1880 (0,16 x 0,32 m). Il s'agit d'une dédicace au dieu Vosegus.
VOSEGOSIL
CARVIN
VSLM7.

Woerth

La partie supérieure d'une stèle de grès est remployée dans la façade de la maison sise au 66 Grand Rue. Le bas-relief, assez fort, représente le visage d'un homme barbu8.

Woerth réserve une autre surprise. Dans le petit jardin au carrefour de la Grand Rue et de la rue qui enjambe la Sauer a été placée une stèle à quatre dieux. Nous lui avons déjà consacré un article.

Scherwiller

A la sortie est de la commune, prendre le chemin sur la gauche et le suivre jusqu'au troisième croisement. A cet endroit, on est au lieu-dit Roemerstein, au bord de la voie romaine qui longeait le piémont des Vosges. Sur la droite, se trouve un milliaire anépigraphe en granit. C'est une petite colonne de 1,17 m de haut, avec une ébauche de chapiteau, qui repose sur une base quadrangulaire9.

La Broque

Dans le mur de la maison sise au 8 rue de l'Abbaye, on peut voir la partie supérieure d'une stèle funéraire en grès rose. On voit le visage d'une femme, à gauche, et d'un homme à droite. Le monument, qui aurait été trouvé au lieu-dit L'Abbaye, est certainement complet, mais il est en grande partie couvert de tôles. On doit au propriétaire de la maison de l'avoir ainsi sauvé du pillage sous l'occupation. Le bas du monument comprendrait une inscription10.

  • 1. Cf. Pascal Flotté et Matthieu Fuchs, Carte Archéologique de la Gaule, Le Bas-Rhin, 2000, p. 383.
  • 2. Cf. Pascal Flotté et Matthieu Fuchs, Carte Archéologique de la Gaule, Le Bas-Rhin, 2000, p. 598.
  • 3. Pour le trouver, se rendre à Haguenau et prendre l'avenue du Professeur René Leriche. Au rond-point, prendre à droite, direction Weitbruch. Suivre la route à travers la forêt, jusqu'à un croisement. Au stop, prendre à droite, direction Niederschaeffolsheim. Peu après le carrefour, se garer à l'entrée du premier chemin à gauche. Le milliaire se trouve à 200 m sur ce chemin.
  • 4. Selon les inventeurs, la voie était alors bombée et se distinguait nettement des champs, situés 1 m plus bas. La recharge supérieure était une épaisse couche de gravier. De Morlet et Siffer observèrent aussi des fossés de part et d'autre. Ces éléments, ajoutés à la présence de la borne, les conduisirent à penser qu'il s'agissait d'une voie romaine. Cf. De Morlet et Siffer, Procès-verbal du 8 avril 1861, BSCMHA 1, 4, 1860-61.
  • 5. Cette précision vient des habitants de Weitbruch. Il ne fut certainement pas replacé en sa première situation car l'endroit est occupé par la forêt depuis longtemps, et les premiers champs sont à une certaine distance.
  • 6. Cf. Pascal Flotté et Matthieu Fuchs, Carte Archéologique de la Gaule, Le Bas-Rhin, 2000, p. 659-660.
  • 7. On peut sans doute restituer : Vosego Silvestri Carantus ? Vindilli ? Filius ? votum solvit libens merito. Cf. Pascal Flotté et Matthieu Fuchs, Carte Archéologique de la Gaule, Le Bas-Rhin, 2000, p. 297.
  • 8. Cf. Pascal Flotté et Matthieu Fuchs, Carte Archéologique de la Gaule, Le Bas-Rhin, 2000, p. 652.
  • 9. Cf. Pascal Flotté et Matthieu Fuchs, Carte Archéologique de la Gaule, Le Bas-Rhin, 2000, p. 582.
  • 10. Cf. Pascal Flotté et Matthieu Fuchs, Carte Archéologique de la Gaule, Le Bas-Rhin, 2000, p. 205.