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La réapparition de la coquille au XVIIIe siècle.

Au XVIIIe siècle, Haguenau se relève grâce à la paix et à l'essor économique retrouvés, mais il n'y aura plus de pèlerins, donc pas de coquilles au-dessus des portes pour leur accueil. Le grand courant qui a vu le jour au Xe siècle et connu son apogée entre les XIIe et XIVe siècles est tari. Il n'y aura plus de pèlerinages avant longtemps car Louis XIV les a interdits sous peine de galère à vie. Nous retrouvons cependant la coquille sur des maisons, mais très déformée et distordue, dépourvue de sa valeur symbolique. Les grands bourgeois construisent des hôtels particuliers somptueux en style rocaille. Cet art envahit également les églises, les chapelles et les couvents, notamment celui de Neubourg.

Une coquille du XXe siècle.Puis la Révolution Française vient donner le coup de grâce aux couvents. Le 30 octobre 1793, le Directoire départemental envoie une directive selon laquelle « tous les signes du régime féodal, de la monarchie et de la superstition doivent être détruits sur les bâtiments publics et les maisons particulières1 ».Le couvent des Annonciades est le seul de Haguenau qui ait échappé en entier à la fureur destructive des Révolutionnaires et à la cupidité des entrepreneurs locaux. Celui de Neubourg est saccagé et le mobilier dispersé, à la suite de quoi l'église Saint-Nicolas a bénéficié d'une partie du mobilier de style Louis XVI, avec ses coquilles distordues. 

Détournées de leur signification sacrée, de nouvelles coquilles apparaissent au premier tiers du XXe siècle, sous un nom anglais, sur les pompes à essence aux bords des routes. Là, les voyageurs ne déposent plus leur obole pour le salut de leur âme, mais ils sont taxés pour le bonheur de la République. Cette utilisation commerciale du symbole n'est pas neuve en soi, car déjà au Moyen Age les chemins de Compostelle furent autant d'itinéraires marchands.

Les pèlerins aujourd'hui.

Le sigle des Amis de St Jacques de Compostelle en Alsace. A l'aube du XXIe siècle, certains anciens tracés sont réorganisés à travers toute l'Europe avec des lieux d'accueil. La coquille de saint Jacques revient au bord des chemins avec toute sa signification symbolique, d'abord discrètement ici et là, puis partout en Europe. L'ancien chemin des pèlerins, ressuscité par les soins de l'Association des Amis de Saint-Jacques de Compostelle en Alsace2, est signalé par une petite coquille placée en surcharge sur les balises du Club Vosgien. Le flot des pèlerins s'accroît d'année en année ; il passe de près de 16 000 en 1994 à plus de 55 000 en 2000. En 1999, l'année jubilaire où le nom du Saint patron tombe sur un dimanche, 154 613 pèlerins se rendent à Compostelle, dont 40 000 à pied. On rencontre parfois des isolés, portant la coquille, ou des groupes, qui passent par Haguenau. En général, ils s'arrêtent au Musée Historique devant l'ancienne statue de saint Jacques. Pèlerins de Spire devant la statue de St Jacques du musée de Haguenau.

Des pèlerins de Spire en 2002 et en 2003, avec des amis Haguenoviens.

La plaque du pèlerinage de Spire de 2004.Etiquette de vin commémorant le pèlerinage de Spire en 2004.Don de la bouteille du pèlerinage de 2004 devant la Weintor de Schweigen.

2004 est une année jubilaire toute particulière : le Conseil de l'Europe parraine Compostella 2004. Les Amis de Saint Jacques en Alsace tracent un itinéraire qui relie le chemin allemand du Palatinat à celui, déjà balisé, au sud de Strasbourg et, le 7 juin, une douzaine de pèlerins français prennent le relais à la Porte du Vin. Après le passage du bourdon et la remise d'une bouteille d'un cru dédié à saint Jacques, les pèlerins français se mettent en route vers Haguenau, où ils arrivent deux jours plus tard, après une nuit passée à Walbourg. Une réception officielle les attend à l'église Saint-Nicolas. L'adjoint au Maire, Charles Klein, signe le livre d'or qui sera déposé à l'arrivée au bout du pèlerinage. Après la signature du livre au presbytère saint Georges, les pèlerins reprennent leur chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle.

Signature du livre d'or du pèlerinage de 2004.Les pèlerins de Spire quittent Haguenau.

  • 1. Etudes haguenoviennes Tome XIX, 1993, p. 128.
  • 2. Association Les amis de saint Jacques en Alsace
    1 rue de la Chaîne
    67140 Andlau
    tél. : 03 88 08 13 22
    www.saint-jacques-alsace.org