Vous êtes ici

Destinée du château de Mercy

Le temps, hélas, ne devait pas se montrer clément envers le château de Mercy. Comme on l'a mentionné précédemment, la famille du Coëtlosquet n’y résida jamais : le vicomte disparut avant qu’on entreprenne les travaux et Mme du Coëtlosquet préféra rester à Rambervillers. Caroline du Coëtlosquet, leur fille, vendit les terres du domaine aux militaires allemands dès 19081. C'est un triste constat que de considérer qu'une telle entreprise fut réalisée en vain et tant d'efforts et d'attentions déployés en pure perte. Mis sous séquestre pendant la Première Guerre mondiale, le château fut occupé par la soldatesque allemande et des services administratifs.

En 1919, un Suisse achète le domaine pour y faire de l'élevage de bovins et ravage le jardin par ses installations ; il disparaît, couvert de dettes. La propriété est rachetée par les Domaines en 1938. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la Moselle est à nouveau annexée et la Wehrmacht installe un hôpital militaire dans le château ; sur la toiture, une grande croix rouge signale l'endroit pour le protéger des raids aériens. Lors de la libération de Metz, en 1944, des combats se déroulent aux alentours : on peut encore voir sur les murs de nombreux impacts de balles et d'obus2. Entre 1945 et 1952, l'armée française y installe une colonie de vacances pour les enfants des militaires. L'armée américaine occupe ensuite le bâtiment et y commet bien des déprédations.

Enfin, en avril 1953, l'État-Major de la 1e Division Aérienne Canadienne prend ses quartiers à Mercy dans le cadre de l'OTAN. Le domaine comprend alors quatre bâtiments : la remise et la conciergerie, ainsi que le château et la chapelle, qui sont dans un piteux état3. Les Canadiens y resteront jusqu'en mars 1967, sous les commandements successifs des Généraux Campbell, Godwin et Bradsham ; ils seront fort bien accueillis par la population et c'est à eux que l'on doit la restauration du château et de la chapelle4.

En février 1965, alors que la France s'est retirée de l’O.TA.N., les couleurs françaises remplacent à Mercy le drapeau canadien5. De 1968 à 1990, divers corps de l'Armée française occuperont les lieux6.

Le site de Mercy est aujourd'hui propriété de la société d’aménagement et de restauration de Metz-Métropole (SAREMM) en charge de la Zone d’aménagement concerté du Pôle Santé Innovation de Mercy. Quant au château, il est sous compromis de vente... Un permis de construire pour sa restauration fait l’objet de nombreux échanges avec l’Architecte des Bâtiments de France. Inoccupé, le bâtiment continue à se dégrader. La SAREMM assure une surveillance minimum contre le vandalisme et la vétusté, il est maintenu hors gel en hiver pour éviter sa dégradation le temps qu’un projet viable aboutisse. Bien que les aménagements intérieurs soient encore assez bien conservés, l'extérieur demande de nombreuses réparations. Le château de Mercy réclame une restauration qu’il ne faudrait pas tarder à entreprendre. Espérons qu’un mécène se présente bientôt car il faut sauver ce témoin inestimable de l'attachement d'une région à la France !



 





  • 1. Cf. PIGNON FELLER 2004, p. 251.
  • 2. Cf. Le site officiel d'Ars-Laquenexy : Peltre est libéré le 17 novembre 1944 et Ars-Laquenexy le 18 novembre 1944 par la Ve Division d’infanterie américaine. Le 1er janvier 1945, un Messerschmitt s’écrase à 100 pas du château. A-t-il été abattu par l’aviation américaine ou par sa D.C.A. ?
  • 3. Cf le site officiel d'Ars-Laquenexy : Le parc ressemble à une forêt vierge, haies, hautes herbes poussant partout. Dans le verger se trouve un vieil écran radar. Dans la pelouse, devant la terrasse, se trouvent des tombes de militaires allemands morts pendant leur hospitalisation. Le toit porte toujours les traces de la croix rouge signalant les hôpitaux aux raids aériens.
  • 4. Cf. Le site officiel d'Ars-Laquenexy : Le logement des militaires, avec leurs familles, se fait dans le domaine civil. Le village de la feuille d’érable « Mapel Leaf Village » est construit à Chesny. Puis les familles sont regroupées dans des bâtiments neufs à Bellecroix.
  • 5. Une stèle commémorative est érigée en 1967, avec l'inscription : Le château de Mercy a abrité le quartier général de la 1e division aérienne canadienne du 10 avril 1953 au 31 mars 1967. Cf. Le site officiel d'Ars-Laquenexy.
  • 6. XVIe brigade mécanisée (Généraux Richard, Muller, Bley et d’Astorg) ; Commandement de l’Artillerie (Généraux Faverdin, Bonmati, d’Hulst, Barascud, Martinie et Delissnyder). Cf le site officiel d'Ars-Laquenexy.