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L’art rupestre

Les gravures de la période paléoindienne prennent aussi la forme de pétroglyphes, couvrant les parois d’abris rocheux. Dans l’abri de Lapa do Santo, situé dans l’Etat brésilien du Minas Gerais, une équipe d’archéologues dirigée par Walter Neves (Université de Sao Paulo) dégagea, en 2009, un pétroglyphe anthropomorphe de 30 cm de hauteur. Des datations au radiocarbone et par luminescence stimulée optiquement indiquent que la figure a été exécutée entre 12 000 et 10 500 cal BP. Des manifestations graphiques rupestres d’un style similaire peuvent être observées dans d’autres abris rocheux du Brésil, en particulier à Lapa do Ballet et à Lapa das Caieiras, dans le même Etat du Minas Gerais.

Fig. 4 : Pétroglyphe de Lapa do Santo (Minas Gerais, Brésil).
Photo et dessin : Walter A. Neves, Astolfo G. M. Araujo, Danilo V. Bernardo, Renato Kipnis et James K. Feathers: “Rock art at the Pleistocene/Holocene boundary in eastern South America”. In: PLoS One, 7 (2): e32228. doi:10.1371/journal.pone.0032228. 2012.

A Epullan Grande, dans le nord de la Patagonie argentine, le sol rocheux montre des marques linéaires apparemment artificielles1. Les sédiments qui les recouvraient ont été datés, au radiocarbone, d’au moins 11 200 cal BP. L’abri a par ailleurs révélé des tombes et différents artefacts remontant au début de l’Holocène2.

Dans l’ouest des Etats-Unis, des pétroglyphes zoomorphes, anthropomorphes et géométriques ont été attribués à la période paléoindienne, sur la base d’analyses du « vernis » qui recouvre, avec le temps, les surfaces rocheuses. David Whitley estime que, dans le désert du Mojave, les manifestations graphiques rupestres les plus anciennes sont antérieures à la culture Clovis ; leur répertoire inclut un possible camélidé du Pléistocène, un mouflon, un serpent et une spirale. Mais les méthodes de datation concernées, portant les noms de « Cation-Ratio Dating » et « Varnish Microlamination Dating » en anglais, sont imprécises et, de surcroît, controversées. L’Ouest américain a aussi révélé des pétroglyphes représentant des proboscidiens ; curieusement, ceux-ci n’ont jamais fait l’objet de tentatives de datation chronométrique.

L’art rupestre des premiers Américains comprend également des peintures, dont les plus célèbres sont, certainement, celles de la Cueva de las Manos, en Patagonie argentine. On peut y voir les mains auxquelles le site doit son nom, mais aussi des formes géométriques, des soleils, des figures humaines et des animaux, composant des scènes de chasse. Cette riche iconographie a été élaborée il y a plus de 10 000 ans. D’autres scènes peintes paléoindiennes ont été découvertes dans le nord-est du Brésil, mais leur chronologie est souvent problématique. Les peintures de Baixão do Perna I, dans l’Etat du Piaui, bénéficient toutefois d’une datation assez précise, de 10 800 cal BP.

Fig. 5 : Peintures de la Cueva de las Manos (Santa Cruz, Argentine).
Photo: Mariano Cecowski.

 



  • 1. Voir l’étude qui leur a été consacrée par Pablo Arias, Eduardo Crivelli Montero, Mabel Fernandez et Luis Cesar Teira Mayolini, dans la publication coordonnée par Jean Clottes, signalée en bibliographie.
  • 2. L’Holocène est l’époque géologique qui fait suite au Pléistocène, et dans laquelle nous vivons encore aujourd’hui.

Référence à citer

Sébastien Perrot-Minnot, Les débuts de l’art en Amérique, archeographe, 2013. https://www.archeographe.net/debuts_art_amerique