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Vie et fin d'une légende.

Gravure représentant saint Arbogast et son ermitage au pied du Gros Chêne. On ne sait pas à quand remonte la légende de l'ermite Arbogast devenu évêque. Ni Bernhart Hertzog1 dans sa Chronicon Alsatiae – Edelsasser Cronik und ausführliche beschreibung des untern Elsasses am Rheinstrom de 1592, ni Georg Joseph Barth2 dans son Code n'en parlent.Deux récits d'Arbogast sous le chêne apparaissent simultanément en 1876. Franz Batt écrit en 18763 :
«…Et aussi Saint Arbogast, dont la famille est issue d'Aquitaine aux bords de la mer, était ici avant d'être appelé comme évêque de Strasbourg, à la tête d'une équipe de fervents serviteurs de Dieu qui étaient disséminés dans l'épaisse forêt. Le chêne de l'ermite, avec son exceptionnelle circonférence est encore aujourd'hui le puissant témoin de ce merveilleux passé. Dans une partie éloignée de la forêt, au lieu-dit Blumengarten, il y a quelques années encore il étendait ses bras gigantesques, mais maintenant l'un ou l'autre s'affaisse et il semble proche de sa fin du fait de son âge ».De son côté l'abbé Victor Guerber, curé de la paroisse Saint-Georges, écrit, également en 18764 :
« Le célèbre patron de l'église de Strasbourg, et l'une des gloires les plus pures de ce siège épiscopal, issu d'une très noble famille d'Aquitaine au VIIe siècle, quitta le ciel si doux de sa patrie, et vint s'ensevelir dans le partie la plus retirée de cette solitude. Le lieu où vivait Saint Arbogast est marqué par un chêne monstrueux, d'une haute Gravure représentant l'ermitage de saint Arbogast.antiquité, appelé chêne de l'ermitage, et que la tradition populaire fait remonter au saint ermite qui vivait à son ombre ; c'est encore de nos jours un lieu de pèlerinage pour les pieux habitants de la contrée. …. ».  Cette légende semble donc remonter au XIXe siècle. Elle est déjà contestée au début du XXe par Ch. Weigel5. Après chaque sermon du curé de Saint-Georges à ce sujet, il professait le contraire à la sortie de la messe, après quoi il se faisait rappeler à l'ordre par le prêtre qui lui demandait de laisser ses croyances au peuple. J. Klélé6 semble avoir eu des doutes sur la vraisemblance de cette histoire car il reste très vague dans Ursprung und Entwickelung der Stadt Haguenau, édité en 1921. En 1946, l'abbé Gromer7 semblait encore y croire, dans Haguenau face à sa détresse. Il écrit que « Saint Arbogast ne quitta la solitude de la forêt de Haguenau que pour le trône épiscopal de Strasbourg ». L'abbé A. M. Burg8 ne mentionne plus l'ermite sous le chêne dans son Histoire de Haguenau racontée aux jeunes éditée en 1950.

  • 1. Bernhardt HERTZOG (1537 Wissembourg-1596 Woerth ? ). Chroniqueur et Secrétaire du Duc de Deux-Ponts.
  • 2. Georg Joseph BARTH, (1718-1796). Bibliothécaire de la ville de Haguenau et constructeur de l'hôpital civil de Haguenau.
  • 3. Franz BATT (1823-1881). Professeur de mathématiques. Das Eigenthum zu Haguenau im Elsaß, page 6.
  • 4. Histoire politique et religieuse de Haguenau, tome 1, page 434.
  • 5. Ch. WEIGEL, instituteur et auteur, était un original. Il habitait derrière le théâtre et collectionnait tout ce qui lui tombait sous la main. Il détenait en particulier la totalité des affiches des films de cinéma joués à Haguenau depuis les films muets, collection malheureusement perdue.
  • 6. J. KLELE (1846-1935). Historien de Haguenau, Archiviste de la ville.
  • 7. Georges GROMER (1879-1954). Archiviste-bibliothécaire, Conservateur du Musée Historique de Haguenau.
  • 8. André Marcel BURG (1913-1987). Archiviste-bibliothécaire, Conservateur du Musée Historique de Haguenau.

Référence à citer

André Wagner, Saint Arbogast sous le Gros-Chêne en forêt de Haguenau., archeographe, 2007. https://www.archeographe.net/Saint-Arbogast-sous-le-Gros-Chene