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La guerre de Trente Ans (1618-1648).

Elle a marqué la fin de l'hégémonie de Haguenau dans le cadre de la Décapole.L'Empire germanique est divisé au début du XVIIe siècle entre le protestantisme de l'Union évangélique, dirigée par l'électeur palatin du Rhin Frédéric V, et les catholiques de la Sainte-Ligue, menée par l'Empereur Ferdinand II de Habsbourg. Le refus de ce dernier de laisser les protestants de Bohême pratiquer leur religion est à l'origine de la Défénestration de Prague : en 1618, les gouverneurs impériaux Martinitz et Slavata sont jetés du haut des fenêtres du palais par les protestants. L'incident déclenche en Allemagne une guerre où les princes protestants s'opposent à l'empereur catholique et qui durera trente ans.
Ce long conflit va enflammer toute l'Europe et marquer fondamentalement l'Alsace. Chaque armée pille le pays qu'elle traverse, sans se demander si elle est en pays ami ou ennemi. Menée selon la maxime qui prétend que la guerre nourrit la guerre, la Guerre de Trente ans se fait dans la confusion la plus totale. Les villes protestantes de Riquewihr et de Bouxwiller appellent les troupes françaises pour échapper aux Autrichiens ; les villes catholiques font de même pour éviter l'occupation suédoise. Dans ce dernier cas, c'est même le représentant de l'empereur qui mène les négociations avec les Français – la guerre n'ayant pas encore commencé avec eux, il est vrai1. Les misères de la guerre. En 1621, les Autrichiens, alliés aux Suédois et aux Espagnols, envahissent l'Alsace restée fidèle à l'Empereur Ferdinand II et la pillent du nord au sud. Le 30 novembre de cette même année, le général Mansfeld se présente aux portes de Haguenau avec 20 000 hommes, les débris des armées des princes protestants. La ville se met en défense2. Trop faible pour la forcer, pressé par le froid et le manque de munitions, il s'éloigne en promettant de revenir. Le 6 décembre, la nuit, il occupe la ville de force, mais sans combat ; il s'y installe et renforce le système de défense. En 1633, le comte de Hanau-Lichtenberg demande la protection à la France et en 1634, la moitié de l'Alsace est sous la protection de Louis XIII. Richelieu engage des mercenaires de toutes nationalités qui, à leur tour, pillent la région.
La Décapole, conçue pour assurer la coordination des efforts de défense de dix villes, n'était qu'une entente aux limites mal définies pour l'entraide et la défense des privilèges face au pouvoir central. Elle n'a pas joué son rôle, étant donné l'émiettement politique de l'Alsace, d'autant plus que chaque ville n'y voyait que son intérêt à court terme.
Les traités de Westphalie signés en 1648 établissent la paix en Europe. L'Alsace devient française à l'exception des villes de Strasbourg et de Mulhouse et de quelques petits territoires seigneuriaux. Le traité de Munster attribue à la France les droits de propriété des villes libres d'Empire – dont Haguenau - avec le maintien, controversé3, de leurs privilèges.
En 1662, Louis XIV commence la construction du château de Versailles. Dès 1663, il fait établir les plans de puissantes fortifications pour Haguenau car les Impériaux risquent de vouloir reprendre par la force la province concédée en 1648.

  • 1. Saisons d'Alsace N° 84, p. 31.
  • 2. AMH. BB 59.
  • 3. Les deux parties, pour des motifs différents, s'entendirent sur un texte en latin fort ambigu, où chacun transposait ses arrière-pensées.