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L'aménagement final de la place de Haguenau

Les redoutes.

Plan anonyme de 1744. Un plan anonyme de la ville1 montre la configuration finale des fortifications de la place après 1744. Elle comportait 13 demi-lunes en terre, un ouvrage couronné à la Schanz, en terre avec demi-lune. Cet ouvrage disparut bientôt et fut remplacé en 1743 par un simple couronné sans dehors2, qui a pris la place de l'ouvrage de la Schanz, rasé en 1708. Quelques dessins et des cartes postales donnent des détails des fortifications. Depuis, toutes les redoutes ont été supprimées, mais les Anciens se souviennent y avoir fait du vélocross avant la Libération, là où elles existaient encore derrière l'église Saint Nicolas et le long de l'impasse des Platanes3. Elles avaient cinq à six mètres de haut. la redoute près de la Porte des Pêcheurs

Les casernements.

La vie de l'armée et des ingénieurs du Roi se déroulait selon un rythme binaire : campagnes militaires du printemps à l'automne, chantiers des places fortes en hiver. Ce changement d'activité est imposé non seulement par la saison, mais indirectement par le fourrage pour les chevaux qui fait défaut en hiver et dont l'abondance favorise l'ennemi au printemps. Comme en hiver les troupes étaient logées chez l'habitant, avec tous les incidents et les inconvénients qui en résultaient, Vauban s'est penché sur le problème du logement des armées dans les places fortes. Il met au point des plans de casernements adaptés aux unités d'infanterie et de cavalerie4. Ces nouvelles casernes seront construites selon le plan standard à la Vaubandans toutes les places de garnison, sauf à Haguenau. Ce n'est que vers 1761-1777 qu'on en construira5.

Les portes.

La Porte de Wissembourg sinistrée. Les portes de toutes les forteresses et des villes fortifiées construites par Vauban sont des œuvres d'art qui sont en contradiction avec son souci d'économie permanent. La Porte de Sarrelouis de la citadelle de Bellecroix à Metz. Ne laissant rien au hasard, il estime que l'esthétique de ses places fortes est un élément non négligeable de leur valeur et de leur utilité, notamment pour Strasbourg : C'est ici le passage de toute l'Allemagne et les Allemands qui sont extrêmement curieux et ordinairement bons connaisseurs, sont gens à juger de la magnificence du Roi et de la bonté de la place par la beauté de ses portes. On retrouve ce besoin d'esthétique sur la Porte de Wissembourg, la seule de la place forte qui subsiste de cette époque. Heureusement, au XIXe siècle, elle a échappé à la destruction complète6 car elle devait être enlevée pour faciliter la circulation. Endommagée et tronquée lors de la destruction de la ville en 1677, car initialement haute comme celle des Chevaliers, elle a été restaurée en simple décor7. Cartouhce ionique de la Porte de Wissembourg. Sur le côté nord, de là où viendraient probablement les troupes autrichiennes, on voit un cartouche avec une coiffe triangulaire dans le style du XVIIIe siècle. Mis en place par les bons soins de la municipalité en 1948, il remplace celui qui a été endommagé lors des combats de la Libération. Composé de huit pièces, il devait être sculpté par la suite mais, faute de crédits, le sujet symbolique et décoratif prévu n'a jamais été taillé. Ce cartouche est d'ordre ionique, qui peut être le seul qu'on puisse employer raisonnablement dans les occasions d'éclat. Dans celles d'une moindre importance le toscan doit être préféré.

  • 1. A.C. Haguenau I, 12 Grenier, chemise ADG.
  • 2. Archives du Génie de Vincennes : Description de la place forte de Haguenau.
  • 3. Elle donne sur le boulevard de l'Europe, non loin de la gare.
  • 4. Economiques à la construction et à l'entretien, ces casernements étaient conçus par modules répétitifs selon un plan-type, gravé sur cuivre. La cellule de base était constituée par quatre chambres indépendantes, équipées de cheminées montées dos à dos dans le refend, et desservies par un escalier double à rampes inversées.
  • 5. AMH. CC 227.
  • 6. Conseil Municipal des 19 et 27 novembre 1875.
  • 7. Les glissières de la herse ne débouchent pas vers le haut.